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Œuvre de la semaine – Andrew Norman: Spiral

Andrew Norman fait partie des compositeurs les plus connus de sa génération, et reçoit régulièrement des commandes de la part de grands orchestres. C'est pour la Saison d'adieu de Simon Rattle en tant que chef permanent des Philharmonistes de Berlin qu'il a écrit sa plus nouvelle œuvre, Spiral. Cette pièce, créée le 14 juin à la Philharmonie de Berlin, fait partie de la série de concerts produite sous le titre générique de "Tapas", dans laquelle des œuvres courtes mais riches de contenu doivent ouvrir l'appétit pour la musique contemporaine.

Récemment – l'an dernier –, Norman a composé son opéra pour enfants A Trip to the Moon (Un  voyage dans la lune, littéralement : Un aller-et-retour pour la lune), destiné au projet "Vokalhelden" ("les héros vocaux") des Philharmonistes de Berlin dans leur programmation. Il a obtenu un succès tout particulier en 2017 avec sa pièce pour orchestre Play, pour laquelle il a reçu le Grawemeyer Award, tandis qu'il était, la même année, désigné comme "compositeur de l'année" par Musical America.

Andrew Norman – Spiral: un tourbillon musical


Spiral dépeint les transformations d'un petit nombre de gestes instrumentaux se succédant les uns aux autres en cercles de plus en plus petits. Les cordes divisées, attaquant les unes à la suite des autres comme des robots, forment ainsi une sorte de spirale musicale.
"L'idée d'une pièce orchestrale "en spirale" m'habitait depuis un certain temps. Certaines idées, certains mouvements, ont été clairement inspirés par l'expérience que j'ai vécue auprès de Simon et des Philharmonistes de Berlin (à savoir : en ce qui concerne leur énergie physique d'une nature et d'une précision particulières)." – Andrew Norman

D'autres exécutions de Spiral seront données les 15 et 16 juin. La première audition en Angleterre a lieu le 23 juin dans le cadre des Proms de la BBC, qui sont partenaires de la commande, par le BBC Symphony Orchestra placé sous la direction de Karin Canellakis.

Œuvre de la semaine : Gerald Barry – Canada

Quel rapport y a-t-il entre Beethoven et le Canada ?

Dans le programme des BBC Proms cette année, Gerald Barry célèbre la création mondiale de son œuvre Canada pour voix et orchestre le 21 août 2017 au Royal Albert Hall.



Mirga Graþinytë-Tyla dirige le City of Birmingham Orchestra. Le soliste est le ténor Allan Clayton.

Pour Gerald Barry, Beethoven est le plus grand des compositeurs. C'est pourquoi beaucoup de ses pièces ont un rapport avec l'œuvre beethovénienne. C'est ainsi le cas de Schott and Sons, Mainz, pour basse solo et chœur mixte, qui se fonde sur des lettres échangées entre Beethoven et son éditeur, et Beethoven, pour basse et ensemble, où Barry travaille à partir des lettres personnelles adressées par Beethoven à sa son "immortelle bien-aimée".

Canada de Gerald Barry – Un hommage à Beethoven


Le texte de Canada contient, cité en anglais, en allemand et en français, ce passage extrait de l'opéra Fidelio de Beethoven: "Parlez bas! Gardez-vous  Des yeux et des oreilles nous épient!" Barry eut cette inspiration lors de son retour vers Dublin à l'aéroport de Toronto. Attendant son tour devant le contrôle de sécurité, il se récitait mentalement le célèbre Chœur des Prisonniers de l'opéra :
"Canada ! Oh, quel bonheur d'être à l'air libre ! / De respirer un air léger ! / Ici seulement est la vie ! / Des yeux et des oreilles nous épient." – Canada, ce nom et ce pays m'ont toujours paru bizarres, d'une certaine manière, ils relèvent d'un exotisme courant. – Gerald Barry

Le prochain projet de Barry sera, dans la nouvelle Saison, un concert d'orgue destiné à l'organiste Thomas Trotter, faisant l'objet d'une commande passée en commun par le City of Birmingham Orchestra, le London Philharmonic Orchestra et le RTÉ National Symphony Orchestra.

Œuvre de la semaine – Thomas Larcher : Symphony No. 2

Le 28 août est la date de la première exécution au Royaume–Uni de la  Symphonie No. 2 'Kenotaph' (2e Symphonie "Cénotaphe") de Thomas Larcher, dans le cadre des concerts-promenades de la BBC (BBC Proms) de Londres, jouée par l'Orchestre symphonique de la BBC placé sous la direction de Semyon Bychkov. Bychkov, à qui la symphonie est dédiée, a dirigé la première mondiale de l'œuvre avec les musiciens de l'Orchestre philharmonique de Vienne le 3 juin de cette année, à Vienne.

Alors que ses premières compositions s'étaient tout d'abord nourries de tout le poids de son expérience en tant que musicien de chambre, Larcher s'est peu à peu aventuré dans l'écriture pour des orchestres plus fournis, en commençant en 2010 par Red and Green (Rouge et vert). Cette pièce servit ensuite de base de travail à la création de sa première symphonie Alle Tage (Tous les jours) pour baryton et orchestre (2010–2015), qui fit suite au succès obtenu par A Padmore Cycle (Un Cycle pour Padmore) pour ténor et orchestre, en 2014.

Symphony No. 2  -  "Un tombeau pour les âmes oubliées et perdues"


Symphony No. 2 est une pièce de 35 minutes, une symphonie en quatre mouvements, qui conserve de fait, par endroits, la sonorité plus intime de ce qui était envisagé au départ – un concerto pour orchestre. Écrite pour un orchestre en grand effectif avec un important pupitre de percussions, la composition de Larcher parcourt différents niveaux d'énergie musicale, afin de rechercher une teneur et une structuration certes exploratoires, mais en parfaite connaissance des traditions et des formes classiques. Le sous-titre de la symphonie, "Cénotaphe", fait allusion à des monuments érigés pour la commémoration de personnes tuées à la guerre, ou, selon les propres mots du compositeur, "des tombeaux pour les âmes oubliées et perdues". Dans l'angoisse due à la continuation en Europe de la crise des migrations de populations, en particulier, Larcher transmet son sentiment dans cette œuvre.
"Des milliers et des milliers de gens se sont noyés en Méditerranée pendant qu'en Europe, tout le monde restait sur les côtés sans rien faire, se contentant d'observer la tragédie ou même de détourner le regard. [Cette symphonie] est le symbole de ce qui s'est passé et qui se passe toujours en plein centre de l'Europe". – Thomas Larcher

Les exécutions d'œuvres de Larcher, dans les prochains mois, comprennent Ouroboros, pour violoncelle et orchestre de chambre, par l'orchestre de chambre de Norvège le 13 septembre à Oslo, avec le violoncelliste Jean–Guihen Queyras et le chef Per Kristian Skalstad, et la même pièce le 13 octobre à Salford (Royaume–Uni) avec l'orchestre philharmonique de la BBC, le violoncelliste Matthew Barley et le chef Ben Gernon, en première audition dans ce pays. Le 6 octobre, à Bergen (Norvège), Edward Gardner dirigera A Padmore Cycle avec le ténor Mark Padmore et le Philharmonique de Bergen. Le Tonkünstler–Orchester Niederösterreich, sous la direction de Yutaka Sado, interprétera Red and Green en Autriche les 7 (Vienne), 8 (Grafenegg) et 9 octobre (Vienne).

Œuvre de la semaine – Arnold Schönberg: A Survivor from Warsaw

Tous les ans, entre juillet et septembre, ont lieu, à Londres, les "BBC Proms" ("Concerts–promenades" de la BBC). C'est dans le cadre de cette série estivale de concerts qu'est interprété, le 8 août au Royal Albert Hall, A Survivor from Warsaw for narrator, men’s chorus and orchestra (Un survivant de Varsovie, pour récitant, chœur d'hommes et orchestre) d'Arnold Schönberg. Esa Pekka Salonen dirige le Philharmonia Orchestra et le chœur des Philharmonia Voices, avec Simon Russell Beale dans le rôle du narrateur.



En 1933, année de la prise de pouvoir national-socialiste, Schönberg, fils d'un commerçant juif, s'exila aux États-Unis en passant par Paris, et reçut huit années plus tard la nationalité américaine. Plus que tout autre compositeur de son époque, Schönberg accomplit, dans ses œuvres atonales et au moyen de la technique de composition dodécaphonique dont il est l'inventeur, le changement radical ouvrant la voie vers la musique nouvelle. Le génocide comme la dictature nazie intensifièrent encore la représentation musicale des souffrances humaines donnée par Schönberg dans ses compositions – comme c'est ici le cas dans Un survivant de Varsovie de 1947.

Arnold Schönberg, A Survivor from Warsaw – Une œuvre monumentale de la technique de composition dodécaphonique


En seulement 99 mesures, Schönberg parvient à représenter la souffrance et l'oppression subies par tout un peuple. Le récit, écrit par le compositeur autrichien lui-même, décrit le système de terreur mis en place par le régime nazi en faisant appel à un épisode caractéristique du ghetto de Varsovie. Au premier plan figure, dans une étroite cohérence de la musique au texte, la reproduction détaillée de l'appel des prisonniers. Le texte écrit par Schönberg a recours à trois langues: le récitant parle anglais, mais cite en allemand les ordres criés par le sergent. La partie finale est composée en hébreu, langue de la prière fondamentale du judaïsme "Chéma Yisraël", dont Schönberg cite mot pour mot les trois premiers versets (Deutéronome, 6, 4-7).
Now, what the text of the Survivor means to me: it means at first a warning to all Jews, never to forget what has been done to us, never to forget that even people who did not do it themselves, agreed with them and many of them found it necessary to treat us this way. We should never forget this even such things have not been done in the manner in which I describe in the Survivor. This does not matter. The main thing is that I saw it in my imagination. – Arnold Schönberg

Outre A Survivor from Warsaw de Schönberg, d'autres œuvres éditées chez Schott prennent place dans la programmation des "Proms" cette semaine : dans ce même concert du 8 août, figure également l'œuvre de Henri Dutilleux The Shadows of Time pour orchestre et trois voix d'enfants. L'œuvre pour orchestre de Peter Maxwell Davies Sir Charles his Pavan sera jouée le 9 août par l'Orchestre philharmonique de la BBC sous la direction de Juanjo Mena, tandis que c'est le 12 août qu'a lieu la création mondiale du Concerto pour violoncelle de Huw Watkins, avec l'orchestre national de la BBC du Pays de Galles et Paul Watkins en soliste, sous la direction de Thomas Søndergård.